Date : 13-14 mai 2013
Titre : Histoire des écrits de Marie de l’Incarnation : Quatre siècles de regard sur Marie de l'Incarnation?
Organisateurs : Françoise Deroy-Pineau, Dom Thierry Barbeau et Raymond Brodeur
Lieu : Tours et Solesmes
Description :
Marie Guyart est née à Tours en 1599 et décédée à Québec en 1672. Après avoir été mariée et donné naissance à son fils Claude, devenue veuve, elle a géré la grosse entreprise de son beau-frère pendant plusieurs années puis a décidé, lorsque son fils eût 12 ans, de devenir Ursuline. En 1639, huit ans après son entrée en religion, elle a quitté son monastère et la France pour aller fonder un monastère au Canada, à Québec.
Cette femme a beaucoup écrit. Avant son départ pour le Canada, elle a rédigé, en 1633, une autobiographie à la demande de son directeur spirituel. Elle a aussi laissé de nombreuses notes relatant les enseignements qu’elle a prodigués aux novices qu’elle avait comme fonction d’instruire. Une fois au Canada, elle abondamment correspondu avec des personnes de sa communauté, avec des membres de sa famille, des bienfaiteurs et surtout avec son fils Claude devenu bénédictin. En 1654, elle rédige une seconde autobiographie à la demande de celui-ci qui voulait ainsi mieux entrer dans l’intimité spirituelle de sa mère et en comprendre le cheminement. Elle a également rédigé des travaux en quatre langues amérindiennes (dictionnaire, grammaire, catéchismes).
Première émergence de ses textes, après sa mort : fin du XVIIe siècle
Après sa mort, en 1672, ce fils entreprend d’enrichir le corpus des écrits reçus de sa mère en demandant à toutes les personnes qui avaient été en relation avec elle de lui remettre les pièces précieuses. Grâce à l’abondante documentation qu’il a ainsi pu recueillir, il a fait paraître, en 1677, un gros ouvrage intitulé Vie de la vénérable Mère Marie de l’Incarnation, livre relatant intégralement la Relation de 1654 avec de nombreux commentaires souvent empruntés à la Relation de 1633 et à ses souvenirs d’enfance. En 1681 il fait paraître les Lettres spirituelles et historiques de sa mère, en 1682 un recueil des Retraites et l’entretien sur l’épouse du Cantique et, en 1684, L’École sainte. Ces ouvrages connaîtront un certain rayonnement dans les premières décennies suivant leur parution puis deviendront rarissimes au début du XIXe siècle.
Résurgence au milieu du XIXe siècle et extension multidisciplinaire au XXe siècle
À compter de la seconde moitié du XIXe siècle, un regain d’intérêt se manifeste de plus en plus pour cette femme mère, femme d’affaires, mystique, religieuse et missionnaire. Henri Bremond, dès le début du XXe siècle la réactualise en 1922, suivi de dom Jamet (vers 1930) et de dom Oury (vers 1970).
Dans la dernière décennie du XXe siècle, les auteurs sortent de la sphère ecclésiastique. Plusieurs départements d’histoire et de littérature dans diverses universités en Europe, aux États-Unis et au Canada, ont entrepris des études et des recherches sur Marie de l’Incarnation. Il s’est créé un Centre d’études Marie de l’Incarnation (CÉMI) à l’Université Laval de Québec qui n’est pas étranger à la reconnaissance et à l’explosion des écrits multidisciplinaires. Lors du colloque interdisciplinaire de Tours en 1999, Marie Guyard, un destin transocéanique, quarante-deux travaux différents ont été recensés : sept thèses ou maîtrises universitaires, trois essais biographiques littéraires, deux romans, une biographie romancée, une étude théologique, une étude historique et une trentaine d’articles. Hors de l’écrit, le début du XXIe siècle a vu se confirmer ce regain d’intérêt pour Marie de l’Incarnation. En 2008, une pièce de théâtre et un film sur Marie Guyart de l’Incarnation ont ponctué le 400e anniversaire de la fondation de Québec. En 2012, le titre d’un nouvel ouvrage Marie de l’Incarnation ou le chant du cœur renouvelle agréablement le regard sur la spiritualité de la « bienheureuse ».
Ce colloque se propose d’effectuer un survol historique de ces écrits. Il cherche à mettre en lumière ce que ces auteurs de différents siècles ont voulu apporter au niveau théologique, mystique, éducatif, missionnaire, littéraire, social et anthropologique.
L’ensemble de ces communications devraient, enfin, ouvrir la voie à une réflexion renouvelée sur l’intérêt et les apports que cette femme, à la fois mystique et fort active, peut avoir pour aujourd’hui autant pour la recherche spirituelle que pour l’histoire des sociétés civiles dans lesquelles Marie Guyard s’est incarnée.
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